Sur Naples.
Dédales des ruelles de pierres noires, aussi étroites et sinueuses que des sentiers d’ânes. Portails armoiriés de demeures seigneuriales, hauts comme des montagnes, qui se font face en vis-à-vis, dans le déni obstiné du plus petit surplomb. Les piétons ont peine à circuler, chassés par les voitures envahissant le moindre espace disponible, harcelés jusque dans les zones piétonnes par des scooters intrépides. On crie, on rie, on chante et on danse dans les ruelles, sans trop savoir pourquoi - juste parce que tout le monde le fait autour de nous, dans cette foule versatile où l’on est frères et sœurs d’instinct. Mais voilà qu’un avion passe à nouveau sur les tuiles des toits, écrasant au passage des bouffées lancinantes de musiques entre les gros pavés noirs. Les murs sombres sont recouverts de graphes, de dessins, d’inscriptions mille fois grattées par les pattes griffues du temps. Entre deux grandes arches s’ouvre tout à coup cette baie qu’on dit la plus belle du monde : ce bleu intangible qui se diffuse dans le scintillement évanescent de la mer, le sillage d’un bateau, les cimes diaphanes des montagnes étagées sur le pourtour, d’une délicatesse exquise. Pas d’arbres, pas d’oiseaux : rien que la lumière à foison et les blocs de pierre volcanique dont on a fait des palais. Dans les églises, les corps dévêtus des martyrs et des belles pêcheresses se pâment d’une extase charnelle qui sent déjà la pourriture.
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