Sur un paysage résorbé
là où il y avait une brûlure sur ma main
marque argentée incérée dans la peau
(progressivement recouverte par une croûte
qui a rebiqué en se rétractant
et a fini par tomber)
il n’y a plus
qu’une
zone
légèrement
rêche au toucher
moins un brouillard qu’une
brume
qui
ouvre ouvre le regard puis le ferme d’un coup
là où il y avait une vallée s’étendant au loin
plus rien
brouillards
au-delà des pins
une muraille
grise montant toute droite
humidité suspendue dans l’air
imprégnant
les fibres des vêtements
–
poisson d’argent
incrusté
dans la résille en losange de l'épiderme –
une
sorte de douceur enroulée au fond de la gorge
alors que deux lames de froid
telles les belles jambières des héros grecs
remontent
le long de mes tibias
il faut marcher un peu se secouer
remettre
en circulation tout cet air mouillé
qui
sans cela finirait par se condenser en gouttes
sur le rebord aigu des
choses
rien d’aigu ici
tout en pentes douces
pas la moindre goutte de sang
sauf une dame bouvreuil
semblant
tomber du ciel pour venir picorer
presque entre mes pieds
en
piaillant sans cesse son petit cri sonore
pas
même effrayée par mon soudain et tonique
éternuement
remuement des brumes au fond de la vallée
une page se tourne
la
terre s’enfonce encore un peu plus dans l’anonymat
toutes
les parades des couleurs sont résorbées à l’intérieur
Ding ! Dang ! Dong ! les
cloches sonnent le carême
les
herbes piolées mi-jaunes mi-vertes
mi-grillées mi-vivantes
n’en
ont cure
toutes
absorbées à faire croître en sous-main
leur vorace manteau d’arlequin.
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