mercredi 24 septembre 2025

Sur la peau des mots

Hommage incantatoire aux
mots#échafaudés à partir du néant
(nuages se défaisant à mesure qu'ils se forment)
mots#rustine étanchéifiant la pluie
volte-face d'un sens supplantant l'autre
 
mots#miroirs se reflétant dans le miroir
chaque nuance de l'acception d'un terme
l'atténuant l'amplifiant le modifiant subtilement
jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'un mirage de sens
transitant dans des nuages d'usage
 
mots#proies évanescentes qui nous échappe
quand nous essayons de les saisir
surnageant dans nos discours logorrhéiques
 
hommage giratoire aux
mots#étoiles qui s'évanouissent
d'un regard trop fixe mais dont un glissant
coup d’œil saisit l'étincelante présence
(Gustave Roud)
 
et qui ne cessent de rebiquer
de nous la faire à l'envers
remonter le courant du
sens dessus dessous
tête-à-queue heuristique
provoquant force pourléchage
de babines gourmandes lorsqu'une
de leurs saveurs se trouve
inattendue sur notre langue
 
hommage prémonitoire aux
mots#turbans camouflant la greffe
d'un Lord Voldemor parasitant nos rêves
hybridation de ce qui (en nous)
refuse de se laisser berner
 
prodige singulier que ces capsules
sonores que nous suçons de rang
dans nos conversations jusqu'à
ce qu'une d'entre elle
manifeste son étrangeté
intransigeante
en nous restant au travers
de la gorge du
grand siphon
absorbant nos verbiages
 
hommage phonatoire aux
mots#tympans isolant
nos cerveaux de la
cohue du monde
crible ductile
liant les sons en gerbe
fricatives palatales et labiales
gorgées de symboles
de double-fond et d'à-pics
 
hommage déambulatoire aux
mots#puncture suturant
les plaies vagabondes
compresses appliquées sur les
yeux de qui a beaucoup erré
 
mots#tampons imprimant
le sceau des réminiscences
dans la cire parfumée
d'un présent malléable
 
hommage conjuratoire aux
mots#affres de solitude
combien au bord du gouffre
avec pour ne pas sombrer
un mot glissé entre les lèvres ?
 
Hommage jaculatoire aux
mots#contentement du « j'ai ! »
du jeu du je du jus du jet
mots#sonnants et trébuchants
dont la notoriété donne le change
à cette friandise buccale itérative
le réévaluation subtile de son taux
dans le cours fluctuant de nos dires
 
pure jouissance des mots-dits
d'une coup de langue d'un rehaut de glotte
d'une sonorisation articulée du souffle
et dont les traces écrites
macules rajouts reliquats et ratures
forment le substrat de la littérature
 
hommage décompensatoire aux
mots#cadeaux d'enfance féconde
esbaudi de comprendre 
que moi aussi j'étais légitime
à manier les mots
découverts dans les livres qu'
ils étaient une partie de moi que
j'étais une partie d'eux
 
hommage réfectoire aux
mots#gamelle de soupes étoilées
servies à la grosse louche
par les cantiniers de la littérature
insoucieux que des germes de vie
grouillant dans leurs grimoires
criblés de gloses de notes et de scolies
contaminant de fait de nouvelles
générations en leur faisant
ingurgiter avec de grands « slurp ! »
gloutons des lettres formant des
mots#ferments de rêves
 
hommage évocatoire aux
mots# (n'ai-je pas voulu l'être
par souci de l'assonance
et parce que je croyais
devoir donner une directive au désir
(alors que le désir débridé s'éparpille aussitôt
sur toutes sortes d'êtres et d'entités
qu'on ne saurait catégoriser)
 
mots#d'amour élaborés sur la crête
de l'explosion ravageuse de l'adolescence
(emportant avec elle l'immuable de l'enfance)
 
mots#délivrés à / délivrés par
ces nouveaux corps apparus
dans la lumière chatoyante
de leur seule chasuble érotique
proximité qui me lacérait alors
incompréhensiblement le cœur
 
mots#camions de transports en tout genres
(gros, demi-gros, détail)
confiez-leur en toute sécurité
vos plus chers affects
ils vous le rendront au centuple
 
inconcevable jeu de dupe
changer des sons en sens du sens en sons
une jacasserie incandescente
qu'il ne faut jamais interrompre
sous peine de perdre le fil
(nous y perdrions le sens)
 
Hommage combinatoire aux
mots#horlogerie de précision
poussière de laïus insaisissable moiré
fluctuation incessante des reflets
captifs dans les joyaux des mots
enchâssés dans la réalité brute
            opération à cœur ouvert
 
tant d'heures passées à les choisir
les tourner les retourner les détourner
tant d'heures passées à les goûter pour
en mesurer avec exactitude leur tanin
de surprise leur teneur d'habitude
leur plus ou moins grande
persistance dans l'esprit
selon la place et l'intensité octroyées
 
joie de l'orfèvre en sertissage et en poli
travail de fourmi incognito dans son for intérieur
jusqu'à ce que (au bout de nombreuses années
d'apprentissage) les mots commencent
à chanter d'eux-mêmes en soi
les mots se dictent eux-mêmes
dans ma tête
dans ma tête-même
 
hommage spéculatoire aux
mots#fertiles exhalant des saveurs
différentes de ceux de l'arpent d'à côté
la moindre modification du ciel
la moindre intensité de lumière
le moindre souffle d'air
la moindre variation
de notre état intérieur
les fait changer de tout au tout
ils sont vivants

hommage déclamatoire aux
mots#instaurés par l'humain
inventeur d'un langage qui nomme
alors que jamais pourtant
un mot n'épuisera
la chose nommée
elle se résorbe à mesure
dès lors le mot ne peut signifier
qu'en migrant d'une occurrence à l'autre
tel un insecte butineur
ou bien vers un autre mot
jugé similaire
dans une langue exogène
à la sienne
 
c'est précisément au moment
de cette translation / traduction
(car c'est chose spirituelle)
que se révèle un accord fugace
et momentané d'équivalence
(cela se nomme coruscation)
entre la chose et l'esprit
sous la forme d'une réminiscence
 
Hommage exploratoire aux
mots#prophètes déployant
leur lyre dans l'obscur du celé
issus d'une source à jamais non tarie
tant qu'au moins un.e d'entre nous
tente de les agencer à sa mesure
 
Hommage opératoire aux
mots#tangibles circonscrivant
« ce qui est » de «ce qui n'est pas »
le « vrai » du « faux » l'« être » du « néant »
(c'est un mythe bien sûr) un fantasme
bacchanale de ménades ivres d'hubris
la baguette magique de leur doigt-logos
échafaudant un cosmos looping
hors champ d'un chaos forcené
 
Hommage dilapidatoire aux
mots#catapultes propulsant
dans l'espace sidéral des ballots
de germes spores et hormones
dont les constellations aléatoires
dessinent les schèmes mouvants
de nos pensées acrobatiques
 
mots#chaussettes qu'on enfile
à tâtons réjouis qu'elles
soient si chaudes et confortables
mais qu'on oublie tout le jour
tant nous sommes occupés là-haut
à faire des bulles avec notre individu
 
hommage subrogatoire aux
mots#substrat de terre incorporelle
granuleuse et abstraite
(une portion de brunisol riche en
nutriments issus
des langues anciennes)
que nous faisons germer
avec l'eau de notre salive l'air
de notre souffle brûlant
le façonnage des muscles
prompts de nos bouches
et de nos tendons drus
 
lorsque nous parlons
nous mâchons cette terre
nous mâchons les morts
la multitude des morts
qui nous ont précédés
dans cette mastication langagière
 
mots#aspirateurs siphonnant
le jus du vivant jugulant
le vif du sujet en autant
d'unités sémantiques distinctes
rompant l'en-soi d'un monde
impensé parce qu'en train de se faire
pour en insérer de force
des fragments dans les
cases prédites des mots
 
hommage récriminatoire aux
mots#baillons catégorisant
le monde en unités coites
 
hommage accusatoire aux
mots#couperets qui
sanctionne / sectionne
le ruban sans dessus ni dessous
(« monde en mots »
versus « cosmo(t)s »)
 
d'un côté l'un du mien de l'autre
le deux du tien tu l'auras
partition drastique de l'Un
barré intransitif d'un trait
scindant chaque morphème
en signifiant et signifié

opprobre discriminatoire des
mots#vigiles marqueurs
anthropométriques t'es-qui-toi
de l'assignation tribale
ils nous étiquettent mieux
que nos habits nos manières
ou nos cartes de membres
 
opprobre réquisitoire des
mots#carcans qui nous enferment
dans le prêt-à-penser le déjà dit
niveau vau-l'eau du caniveau
(pour s'en servir de frais il faut savoir
leur faire rendre gorge
en expurger la bile mortifère
logorrhée salivaire de ces mots
escargots qui dégorgent)
 
mots#jetés avec l'eau du bain
de la novlangue qui nous lèche
de partout nous sale sévère
qui veut la peau des mots ?
 
mots#gangrène phagocytant nos méninges
quand "ça" parle en nos têtes
volières cacophoniques
sapant tout essor vers l'envol
que vaut ce peu de mots ?
 
opprobre manipulatoire des
mots#conditionnant nos esprits
ravis lorsqu'ils entendent l'air
familier de la publicités agiter
leur collier de clochettes
pour les faire saliver à l'avance
devant tant de bons produits
 
opprobre révocatoire des
mots#verbiage à l'opposé
des mots se trouve le silence
            (ne jamais l'oublier)
            le silence est toujours à opposer aux mots
face à l'engendrement des mots
le silence est toujours opposable
 
lorsqu'on s'octroie le silence
l'aura des êtres s’accroît d'autant
révélant des gens des choses
(même du temps et de l'espace)
libérés de la gangue des mots
leur inclinaison spontanée au sans-forme
 
- Eh ! Ho ! Le joyeux yogi !
Que retentisse le voix de l'éveil
jusqu'aux tréfonds des vallées
et dans la moelle de nos os
Victory to the golden fan !

hommage péremptoire aux
mots#stupeurs et commotions
fluxions œdèmes bleus à l'âme lèvres fendues
la bouille écrabouillée de framboise des clowns
mots#uppercut laissant pantois la partie de soi
qui ne croit qu'en ce qu'elle voit
 
Mots#pif#paf#poum et pan dans la gueule
le sanguinolent de la chair crue
le glacé de l'eau pure
la destinée opiniâtre du grain
l’émotion abonde tellement entre les doigts
qu'elle ruisselle en ondes bleues
 
mots#poudre à éternuer
dont les narines offusquées expulsent
aussitôt les semences hallucinées
 
hommage déprécatoire aux
mots#carambolages et têtes-à-queues
quiproquos lapsus vire-langues
mots hérissés de clous fulgurant
l'intrinsèque de figurines vaudous
 
mots#cratères leurs fièvres
embuant nos parois de verre
grêle dont le vertical tremblote
mots#en fusion révulsés
sur le sol tord-boyaux expulsant
des gerbes de matière superfétatoire
 
hommage respiratoire aux
mots#formule à 4 inconnus :
air (souffle) + terre (chair)
+ eau (salive) + feu (énergie) = mots
 
hommage vibratoire aux
mots#conducteurs dont le principe
interne n'est pas de résoudre
leur antagonisme inné
mais de le porter à son
plus haut degré d'incandescence
jusqu'à ce que leur éclat igné
(on nomme cela coruscation)
jaillisse hors de la gangue d'un poème
 
hommage inflammatoire aux
mots#court-circuitant 
leurs deux polarités opposées
(s'il étaient non conducteurs
ce ne serait plus que des vocables)
 
hommage diffamatoire aux
mots#duplices jouant
toujours leurs cartes biaisées
pâte à remodeler les significations
entre double-sens et lapsus
ils se déforment à mesure
que se forme leur empreinte
dans nos bouches locutrices
 
mots#pusillanimes se renfrognant
derrière leur devoir de réserve
lorsqu'il s'agit de leur faire rendre raison
 
mots#caries enfonçant
dans nos gencives les
clous rouillés de la douleur
pour nous la faire « dire »
pour que ces maux dé
glutis deviennent nôtres
 
hommage sacrificatoire aux
mots#sachets de sens
(ils nous préservent du chaos)
si le grand flux de la maya
n'était pas contenues dans ces
petites unités discrètes
(ces quenottes d'émail)
nous deviendrions maboule
(nous y perdrions le sens)
 
Les mots sont toujours
à diluer dans le flux du sens
utilisés purs il y a risque
d'intoxication
 
hommage aléatoire aux
mots#jamais jet de dés
n'abolira le hasard
artisanat du poète ou de la poétesse
repérer ceux qui vibrent
les créer si besoin
réveiller la coruscation
des délaissés des
obsolètes (expert
en la matière : Ponge
ses volumes du Littré
sous le bras)
 
- Eh Francis ! Francis !
Viens t'asseoir avec nous
dans l'ombre vive des platanes
viens !
 
hommage masticatoire aux
mots#réversibles bulles de vides 
générées par la grande rumination
de la réalité éponymes échos
affaiblis lueurs fugitives
sur la paroi de la caverne
du mythe platonicien
 
hommage divinatoire aux
mots#ventriloques
succédanés sans forme
texture ou antécédent
traces éparses de ce dieu
aux énormes yeux bleus
et aux formes de neige 
tel que le formulait
magistralement Rimbaud
prenant congé de la littérature
dans le grenier étouffant
de la ferme de Roche
 
mots#vibratoires tournoiement
d'élytres d'or foudroyant
l'opacité des choses
unique et profonde ondulation
grésillant jusqu'à la moelle
de nos os
 
mots#flux baignant les lobes
de nos cerveaux radioscopant
nos appareils conceptuels
d'un grand souffle régénérateur
 
poète : être d'impression
et de sédiments
jusqu'à ce que l'étincelle
de l'intuition
illumine ces abysses
apprendre à être poète
c'est apprendre à laisser
ouvert l'accès
à ce qui est le plus
profond en soi
et à attendre
l'instant du premier éclair
 
- Non ! Non ! Les mots ne sont rien de tout cela
ni pochettes surprises ni mystère à la gomme
ni petits sacs contenants des fragments de réalité
ni blocs de sens polis par l'usage
ni machouillis recrachés par la bouche des morts
ni ustensiles pour rendre le monde commun
ni objets intercesseurs du poète-shaman
ni particules élémentaires d'un soi hypothétique
 
les mots sont toujours par défaut
pour en saisir la véritable nature
il faut renverser notre perspective
regarder le schéma à l'envers
remplacer le vide par le plein
et le plein par le vide
réaliser que ce qui existe n'existe pas
et ce qui n'existe pas existe
 
révélation de ces mots#gong
silence déployé
dans les replis des choses
nettoyées de toutes suies mentales
leur morsure impérieuse
incisée dans le givre du présent
confère à ceux qui ont des yeux
pour voir des bouches pour goûter
des narines pour sentir des oreilles
pour entendre de la peau vivante
pour ressentir le rebond du toucher
cet incroyable goût d'infinitude
 
hommage subrogatoire aux
mots#déclics de l'éveil
quand le son se fait sens
et les ténèbres claires
le souffle est un signal
ouvrant l'échange avec
tout ce qui existe
émis depuis le cœur de soi
là où le vide rayonne
et s’accroît en offrant
résonance avec la peau
tendue du monde
 
hommage circulatoire aux
mots#désentravés d'eux-mêmes
révulsés hors de leurs cosses
comme un gant retourné
quand tout est déjà accompli
dans la déflagration du présent
 
syntagmes et paradigmes
enfin résorbés en un point
 
au moment où le soleil
émerge des nuages il inonde
déjà intégralement le monde
énigme du jaillissement pur
comme le formule Holderlin
coïncidence exacte entre
éclosion et épanouissement
 
et donc par voie de conséquence
opprobre rédhibitoire des
mots#thaumaturges aucune parole
aucun acte des maîtres
ne nous sera bénéfique
tant que nous ne serons pas
à l'endroit de ce jaillissement pur
 
leur illumination cessera lorsque
nous n'y seront plus exposés
l'exaltation retombera à moins
que jaillisse en nous
la source de la joie intérieure
à moins que ne se réalise
l'accomplissement
de notre véritable nature
 
tant que nous rejetterons
le graveleux des mots
pour ne viser que
la pureté de l'esprit
la source ne jaillira pas tant
que nous ne nous tournerons
pas à une vitesse folle
dans le manège de l'illusion
 
à califourchon sur le cochon
rose du désir la chèvre bleue
de l'envie l'éléphant goinfre
le singe avide la girafe
distraite et le serpent retors
 
tant que nous dénigrerons
toute la joyeuse ménagerie
l'illusion comme illusoire
moquant celles et ceux
qui font des pieds et
des mains pour attraper
le pompon les premiers
 
hommage dilatoire aux
mots#valises instaurant
un tour encore (de
manèges d'écrous de piste
ou de passe-passe peu nous importe)
juste un tour de plus un
mot encore avant
que ce ne soit vraiment la fin
 
hommage propitiatoire aux
mots#candescence déposés
par ta bouche sur ma peau
quand nos sexes révulsés
s’exaltent dans la saisie
à pleine poigne d'une
innocence scandaleuse
 
mots#caresses faufilés
petits drapeaux plantés
dans la ruban charnel
notes bleues s'envolant
au dessus de la musique
éparpillement d'un sens insaisissable
sur les pourtours d'un monde
tout saisi de surprise
 
hommage ovulatoire aux
mots#cales inondées s'échinant
à écoper le désir instantané
sourdant des interstices
à l'endroit de la friction des corps
(ça sourd ça gicle ça geint)
 
            la maison est plongée dans l'obscurité
            portes et fenêtres grandes ouvertes sur la nuit
            bruissant d'insectes non encore au repos
            un oiseau pousse un ou deux cris étonnés
            peut-être un début de chant de rossignol
            l'air nocturne me caresse la peau des bras
            la fraîcheur arrive enfin avec la nuit
            elle sourd des vieilles pierres quand
            la chaleur tapageuse du jour s'est résorbée
            le jardin que je viens d'arroser embaume
            enivré de senteurs exaltées
            quelqu'un qui n'est pas moi tousse
            dans l'obscurité de la chambre à l'étage
            j'entends les pattes de la chatte
            tapoter le rebord de la fenêtre
            elle vient vérifier que je suis bien là
            puis repart chasser les petites bêtes dans le jardin
            plus encore que la fraîcheur nocturne
            c'est le silence phénoménal qui stupéfie
            l'esprit du soir et me comble
            d'un bonheur inexplicable
            j'écris dans la seule lumière de l'ordinateur
            calé entre mes cuisses et mon ventre
            l'écran bombardé de petits insectes
            et de papillons de nuit désorientés
            le corps reposant dans le canapé
            la tête appuyée sur l'accoudoir
            l'air frais est comme un bain
            délassant le dru de mes chairs
            je savoure étonné chaque
            seconde de cette rémission vespérale
            écrivant encore quelques mots
            juste pour le plaisir d'écouter
            le crépitement de mes doigts sur les touches
            me rappelle le bruit de la pluie
            qui n'est pas tombée depuis si longtemps
            elle nous manque
 
hommage compensatoire aux
mots#câlins prémâchés des
effusions latentes de nos manques
de tout ce que la vie a laissé
en rade dans nos soutes
 
mots#pluie de mots clapotis
sur le toit de nos pensées                  
c'est le frisson des mots
frôlant la peau-tambour
croquant le brin du sexe
comme on coupe le cordon
net
 
voilà ce que j'ai laissé sur ta peau
(après toutes ces années)
                        des mots
tandis que ruisselle
(de ton sexe-pénis-clitoris)
enfoui dans son gousset de chair
à profusion sur nos têtes
(le liquide opaque)
de ta jouissance
 
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  • Sur mon rapport aux livres, publié le 29 janvier 2023

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