lundi 26 août 2024

Sur un orage d’été.

J’avais tout installé avant que l’orage n’éclate : les tuyaux dérivatifs de la gouttière, mis bout à bout, devaient déverser l’eau de pluie dans la réserve, surélevée sur un socle et décalée du regard d’évacuation qui sinon risquait d’être noyé… Mais, patatras ! L’orage éclate avec une virulence telle qu’il démantèle l’installation bringuebalante. Les tuyaux se décrochent et vont rouler dans l’herbe. La cascade d’eau de pluie inonde le terre-plein. Vaguement protégé par un coupe-vent et une casquette – tous les deux si rapidement détrempés qu’ils ont l’air de fondre sur place – je m'efforce de remonter l’échafaudage de tuyaux, luttant contre le déluge se déversant de la gouttière en un flot dru dont la force me tord la main. Je patauge, je peste, je vitupère. Mes lunettes ruisselantes m’empêchent de voir quoi ce soit. Je vais les déposer dans la maison, essorant instantanément une petite flaque d’eau sur le carrelage, puis ressors en oubliant mon couvre-chef. De toute façon je suis déjà trempé jusqu’aux os, alors quelle importance ? Je dois travailler les bras en l’air, le flux ruisselle à l’intérieur de mes manches. Pour un peu je me mettrais nu, pour mieux jouir encore de cette pluie extraordinairement tiède, vive et violente, qui se fracasse sur le monde avec la force de frappe des hallebardes. Toute l’installation dégringole à nouveau - moi en prime, glissant sur l’herbe imbibée et manquant de m’étaler les quatre fers en l’air. Comme cette colère brouillonne - comme cette panique pathétique - comme ce mélange de tout et n’importe quoi me conviennent ! Quelle joyeuse dinguerie, cette insignifiance dans le grand tout !

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